12/4/19 Je remonte ce vieil article de 2012 parce que les décisions de sauts de classes peuvent se prendre en ce moment.

L’an dernier [en 2011], grâce, je crois, à une collègue blogueuse, j’étais tombée sur ce document (clic) destiné aux enseignants et concernant les enfants précoces.

Je le trouve vraiment intéressant parce qu’il répond de manière concrète et directe à beaucoup de questions que se posent les enseignants qui ont des EIP dans leur classe.

Un passage m’a attirée en particulier parce que j’avais dans ma classe de CE1-CE2 un élève précoce et j’envisageais de le faire glisser du CE1 vers le CE2. Or, autant cet élève était brillant, autant il semblait assez immature dans son comportement (notamment dans la gestion de ses émotions : colères, bouderies…).

Ce passage m’a vraiment rendu service (page 21) :

« Les EIP se caractérisent par un fonctionnement spécifique (…)

Les émotions interviennent toujours, dans chaque tâche, et sont exacerbées.
D’où le fait, par exemple, qu’on les qualifie souvent d’immatures : or il n’est pas là question d’immaturité réelle mais du fait que l’enfant se trouve obligé de gérer une somme considérable d’émotions, d’informations sur l’état émotionnel de ceux qui l’entourent. Si son cerveau l’oblige à traiter ces informations, son affectif, qui est celui d’un enfant de son âge, ne peut les assimiler aussi facilement. On observe ainsi souvent des enfants qui ont un grand besoin de réassurance, avec par exemple des enfants qui sucent leur pouce plus tard, gardent leur doudou, recherchent le contact physique… Mais cela ne doit pas conduire à refuser une prise d’avance, sachant que cette hypersensibilité émotionnelle les caractérisera toute leur vie.

Par ailleurs, s’ils ne se sentent pas en sécurité affective, ou appréciés, ou s’ils n’aiment pas la matière, ils n’arriveront pas à s’investir intellectuellement (d’où des résultats en dents de scie selon les années, les matières, les rapports avec les enseignants…)

Je ne dis pas que tous les élèves en avance devraient sauter une classe, ni que ce soit LA solution adaptée pour tous etc. Mais pour nous, enseignants, ce n’est pas facile de ne pas nous laisser « aveugler » par notre inquiétude liée à cette pseudo-immaturité de comportement (qui a des conséquences bien réelles et gênantes dans la classe) pour, au contraire, nous consacrer tout entiers à aider ces élèves à apprendre à gérer leur hypersensibilité et progresser dans leur relation aux autres.

A nous d’essayer de faire en sorte que ces élèves se sentent un peu mieux compris, acceptés dans leur différence aussi, aimés tel qu’ils sont, sans que nous cherchions à tout prix à les faire entrer au chausse-pied dans un moule scolaire qui n’est pas bien fait pour eux.

2015-3-30 13:34:00
Idées en vrac

charivari

Professeur des écoles (directrice d'école) en Sologne

17 commentaires

zaotitus · 17 novembre 2016 à 5 h 48 min

Merci pour le lien vers ce doc très intéressant, rédigé dans un langage clair. Notre équipe engage un deuxième saut de classe (vers la 6ème) pour un de mes élèves qui si il ne le montre pas, s’ennuie et est très malheureux. 1 ou 2 EIP par classe en moyenne. Mazette !

Patricia F · 22 juillet 2017 à 20 h 28 min

Bonjour,
Je gère la permanence téléphonique avec d’autres membres de notre association AFEP (Association Française pour les Enfants Précoces) dans le 95 et nous en sommes en relation avec le référent académique lorsque certains dossiers nous semblent très compliqués…
Oui en effet, ils sont très intelligents mais aussi très émotifs, nos petits zèbres.
Cela étonne beaucoup leur entourage mais il faut comprendre que ces comportements émotifs visent une réassurance dont ils ont besoin afin de contre balancer l’angoisse de ne pas trouver de réponses à toutes leurs questions car on estime qu’ils sont trop jeunes pour comprendre…
Je dirai que le plus important est de ne pas les séparer des quelques petits copains trouvés car pour eux il est très difficile de se faire comprendre ou de comprendre les autres élèves qui ne sont pas encore arrivés aux questionnements existentiels…
Parfois, ils préfèrent garder leurs amis, parfois ils préfèrent rester avec des grands des classes supérieures…

    charivari · 12 avril 2019 à 10 h 01 min

    Merci pour ce parfois/parfois qui montre qu’il n’y a pas de règle unique, ni de décision qui convienne à tous…

Liliane · 11 novembre 2018 à 21 h 20 min

Bonsoir,
Notre Loulou est passé du ce2 au cm1 jeudi dernièr suite à ses remarques envers son instit de ce2 sur son ennui et le fait qu’il n’aprennait Rien selon lui. Il est vrai qu’il a toujours été en avance mais son hypersensibilité et son manque de confiance ne nous donnait pas l’envie de lui faire faire ce saut . Un test WISC a été réalise.il est effectivement à 125 donc l’équipe avec notre accord et celui de notre fils a organisé le assagie en classe de cm1.
Seulement voilà il est malheureux et pleure depuis jeudi car il a perdu sa bande d’amis. Il n’est plus avec eux en récréation et veux retourner en ce2 et retrouve sa vie d’avant . Nous étions arrivé dans cette eCole depuis 1 ans et demi il avait réussi à se faire un vrai cercle d’ami et tout allait bien .
De le voir malheureux comme cela sachant qu’en plus il ne veut pas forcément travailler puisque il n’a jamais travailler nous fait regretter d’avoir accepter . Chaque enfant est différemment et même si le nôtre effectivement s’ennuyait et attendait les récréations il était heureux d’aller à l’école … certes cela fait 2 jours mais est ce que le jeu en vaut la chandelle ? Peut on revenir en arrière pour lui? A votre avis ? La vie sociable est plus importante que les connaissances? Est ce vraiment bénéfique dans ce cas de faire sauter une classe?

    charivari · 12 novembre 2018 à 12 h 53 min

    Il ne faut prendre aucune décision au bout de deux jours. Ce serait un très mauvais signal à tous points de vue. C’est même étonant que lui et vous soyez surpris qu’il n’ait pas déjà des copains.
    Il n’est pas trop jeune pour apprendre que, dans la vie, tout n’est pas toujours facile. Il y a des décisions à prendre, parfois, des déménagements, des ruptures, des accidents de la vie, et le bonheur ne vous tombe pas tout cuit sur la tête (« le bonheur ne vient pas à ceux qui l’attendent assis » dit Baden Powell).
    Dites-lui que c’est normal que ce ne soit pas facile. Quand on change de groupe, comme ça, cela prend un peu de temps de se refaire des copains. Il doit être patient, agréable avec les autres, attentif et travailleur en classe et il doit laisser le temps faire son ouvrage.
    Cela va dans le même sens que « il ne veut pas travailler » : jusque là, il ne s’est pas forcément rendu compte qu’il avait une part du chemin à faire lui-même. Tout est venu tout seul : la réussite scolaire, comme les copains. Il va falloir qu’il apprenne que, dans la vie, il faut travailler, faire des choses qu’on n’aime pas, parfois (laissez son enseignant passer ce message-là) et que ses camarades de classes ne l’ont pas attendu pour avoir leurs copains.
    Vous pouvez, sans lui en parler, vous laisser jusqu’à Noël, et si les choses n’allaient pas mieux, prendre rendez-vous avec son enseignant.e en janvier.

Tonquedec · 11 avril 2019 à 17 h 42 min

Merci pour cet article et ce lien fort intéressant. Nous venons de demander un saut de classe pour notre fille précédé, jusqu’a la fin de l’année Scolaire par un décloisonnement.
Je pense que cet article peut nous être d’un vrai soutien dans notre démarche.
En effet, le psychologue nous avais déjà préconisé un saut de classe qui nous a été refusé amenant notre fille à une phobie scolaire. Après un an de travail et un apprentissage décloisonné, nous avions retrouvé notre fille. 6 mois passés dans une classe de son âge et sans adaptation ont eut raison de son moral et de ses envies d’apprentissages, les larmes et l’isolement sont de retours Nous repartons au turbin, bien décidés à ne pas lâcher cette fois ci. Alors merci!

    charivari · 12 avril 2019 à 9 h 48 min

    C’est terrible de lire qu’on puisse en arriver là ! J’espère que le saut de classe va être accepté enfin, et aider un peu votre fille. Ayez quand même en tête qu’il est probable que l’amélioration ne dure pas très longtemps : notre système scolaire est forcément basé sur la répétition parce que même les bons élèves « ordinaires » en ont besoin… et, pour ces élèves précoces, cette répétition est parfois au mieux source d’ennui, au pire source de souffrance. Elle aura surement besoin, en plus du saut de classe, d’un soutien psy pour l’aider à s’accommoder de ce qu’elle ne peut pas changer et trouver quand même de l’épanouissement dans les situations de classe un peu fastidieuses. Bon courage, et je vous envoie un wagon d’ondes positives.

lagigue12 · 12 avril 2019 à 13 h 59 min

Bonjour, enseignante aujourd’hui âgé de 35 ans, j’ai sauté une classe et suis passée du CM1 à la sixième. Le décalage de maturité et mon hypersensibilité ont généré des angoisses très fortes dès les premières semaines de collège et qui se sont installées durablement jusqu’à ce que j’arrive à mettre des mots sur ce que je ressentais et sur qui j’étais (bien après la fin de ma scolarité). Ne pas comprendre les autres, ne pas se sentir compris, se sentir différent alors que l’on nous dit que nous sommes brillants…
Je surveille donc les petits zèbres de près…soyons vigilants, nos choix peuvent être lourds de conséquences. Merci pour cet article.

    Virg · 3 juin 2019 à 21 h 58 min

    Bonjour ma fille est dans le même cas s’ennuyait Fortement en cm1 et viens de passer en cm2 pour la fin de l’annee Afin de valider un passage en 6eme à la rentrée.
    Il y a donc une étape courte mais quand même en cm2
    Je précise qu’on temporise depuis le cp et là avec l’age Elle a souhaité ce changement. Mais elle fait face à sa première déconvenue : le travail !!! Elle rencontre à 10 ans ses premières difficultés car elle doit finalement apprendre à travailler avant elle n’en avait pas besoin comment la rassurer car elle est capable mais manque de confiance en elle.
    Elle adore son maître connaît ses camarades socialement cela fonctionne plutôt bien mais pour la première fois elle n’est pas la première de la classe sans rien faire . Et là boom 9,5/20 en évaluation le drame
    Elle m’ecoute Je lui explique on parle mais elle ne modifie pas sa façon de faire donc sans travail elle se plante et bloque net.
    Si vous avez une idée de levier je suis preneuse.
    Merci ?

cath44 · 12 avril 2019 à 21 h 58 min

bonjour,
Je suis en plein questionnement pour l’un de mes élèves (2 en fait, mais pour l’un, les parents sont contre le saut de classe, alors … on verra plus tard, tant qu’il n’est pas malheureux en classe, ça me va).
Donc, quelques documents que j’ai trouvés sur le site de l’IA 44 :
QUADAPS avec des questionnaires pour toutes les personnes qui gravitent autour de l’enfant concerné.
Et Vademecum EHP sur le même site.
merci pour tous vos articles, aussi divers qu’éclairants.

cath44 · 12 avril 2019 à 22 h 01 min

… avec les liens, c’est bien aussi
https://www.qadaps.fr/
eduscol.education.fr/cid59724/ressources-pour-scolariser-les-eleves-a-haut-potentiel.html
https://www.intra.ac-nantes.fr/medias/fichier/vademecum-ehp_1554051985915-pdf

Ayleen (La tanière de Kyban) · 15 avril 2019 à 17 h 57 min

J’ai aussi eu très souvent affaire au « Il n’est pas précoce, encore un que ses parents prennent pour un petit génie mais ce n’est même pas le meilleur élève de la classe. » Et justement, comme tu le dis, un élève précoce ne sera pas forcément en réussite scolaire. D’ailleurs, élève précoce ou plus souvent appelé « HP » (Haut Potentiel) désormais (enfin il me semble) n’est pas forcément en avance : il pense différemment, en « soleil » plutôt que de manière linéaire. Ils sont parfois difficiles à suivre. Face à un seul stimulus, ce sont des dizaines de « voies » qui s’activent, et l’élève a parfois du mal à faire le tri… ce qui explique des interprétations bien curieuses de certaines consignes, une difficulté à maintenir le respect d’une seule règle, méthode, tâche sur la durée (il va dériver), etc. Bref, l’élève précoce, l’élève à haut potentiel, c’est un élève différent mais pas forcément un « intello à lunettes qui a toujours le doigt levé » (histoire de citer le plus gros cliché du genre). Il peut même s’agir du « cancre » qui fiche le bazar, n’écoute rien, ne semble pas s’intéresser et échoue à toutes les évaluations (manque de motivation, excès de stress, etc.).

Bref, je suis bien d’accord avec toi, la question du passage anticipé, pour ces enfants, ne devrait effectivement pas être éludée trop vite, ni à coup de « il n’est pas mature », ni à coup de « il n’a pas que des A ».

Aranel · 24 novembre 2020 à 12 h 05 min

Bonjour, je suis tombée sur cet article en faisant des recherches pour ma fille. Elle est actuellement en grande section, mais elle a appris à lire et a commencé à écrire des mots spontanément en début de 2eme trimestre de moyenne section. Aujourd’hui, elle dévore les livres, ne veut plus écrire en capitales mais en cursive (qu’elle pratique toute seule), invente des histoires, dessine de petites bandes dessinées. En fin de moyenne section, il avait été évoqué la possibilité de la faire passer directement en CP. Abandonné à cause du covid et de son immaturité selon l’équipe enseignante. Elle ne va à l’école que pour jouer, en classe la maîtresse lui demande de ne pas tout révéler à l’avance des exercices, du coup elle est frustrée parce qu’elle n’est pas interrogée lorsqu’il y a des questions et ne gagne jamais les petites récompenses. La maîtresse me dit qu’elle n’est pas demandeuse de plus de travail, est toujours la dernière, qu’elle traine et qu’elle rêvasse. Mais aussi qu’elle lui demande d’écrire en capitales et pas en cursive car ils n’ont pas commencé à les travailler, la freine quand elle lit tout spontanément pour laisser le temps aux autres de travailler. Mais qu’elle est très joyeuse ce qui prouve qu’elle est à sa place et pas en souffrance et qu’il ne faut pas que je m’inquiète.
Mais ma fille fait des angoisses au coucher, des crises de larmes inexpliquées, et est excessivement démonstrative dans ses relations avec les autres. Elle peut fondre en larmes si elle voit un autre enfant vivre une situation qu’elle juge triste ou injuste. On dit d’elle qu’elle est très bébé. J’avoue que je ne sais pas trop quoi faire…

    charivari · 25 novembre 2020 à 17 h 36 min

    Bonjour,
    je ne peux pas vous conseiller. Même en connaissant l’enfant, ce type de décision est difficile. Je vous conseille d’en parler autour de vous. Le saut de classe n’est pas forcément la meilleure solution et, souvent, ne résout pas grand chose.

    Magalie · 6 janvier 2021 à 19 h 00 min

    Aranel,
    En vous lisant, j’ai eu l’impression que l’on parlait de ma fille de 5 ans! Son frère de 8 ans est HPI et je pense qu’elle aussi (test prévu ce mois-ci). La difficulté à l’école (je suis aussi enseignante) est que ces enfants peuvent se suradapter et ne pas correspondre à l’image que l’on se fait des « surdoués ». Ils n’ont pas besoin de plus de travail, mais d’un travail plus complexe. Ils ne rêvassent pas mais réfléchissent à d’autres choses car ce qui est fait en classe n’est pas suffisamment stimulant pour eux. Ils ne sont pas immatures mais hypersensibles. Si l’on ne fait rien pour eux, ils peuvent se faire une raison mais ressentir une grande frustration et perdre leur soif d’apprendre. Mon conseil: demander un bilan auprès de la psychologue scolaire (peut être fait par un psychologue libéral). Une différenciation en classe peut être très efficace mais cela peut ne pas suffire. Alors, un saut de classe pourrait être bénéfique (un CP-CE1 pour un passage en douceur). Le plus important est d’établir rapidement la particularité de votre fille afin de l’accompagner efficacement. La lecture de nombreux livres sur le sujet m’a bien aidée.

    charivari · 9 janvier 2021 à 10 h 47 min

    … en gardant en tête que le saut de classe aura un effet très temporaire et que notre système scolaire est ce qu’il est. Il faudra quand même que l’élève accepte de « faire avec ». Ceux qui s’en sortiront le mieux seront ceux qui ne prendront pas leur précocité en « alibi » pour ne pas travailler (« c’est trop facile pour moi », « ça ne m’intéresse pas », « je sais déjà ») voire, pire, pour perturber la classe.
    A nous, éducateurs, de faire en sorte que ces élèves-là aussi cherchent à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Magalie · 31 janvier 2021 à 17 h 55 min

Merci pour cette conclusion pleine de sagesse Charivari!

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