(Je remonte cet article au cas où vous ne l’auriez pas vu)

Ca y est, c’est parti, certaines écoles sont à 4,5 jours. C’est le cas là où j’habite, notamment. Quand je discute avec les parents ou bien les enseignants de ces villes « pionnières », je réalise que nous avons intérêt à partager ces expériences. Il y a des idées à prendre, et aussi des écueils que l’on pourra éviter. J’invite tous ceux d’entre vous qui enseignent dans des écoles à 4,5 jours à venir faire profiter les autres de leur expérience, de manière constructive*, sur deux axes :

1. Des dispositifs, des idées qui fonctionnent bien, dont on peut s’inspirer (ou des choses que vous auriez mises en place si vous y aviez pensé).

2. Des regrets, erreurs que vous avez faites et que vous allez corriger ou des choses que vous feriez différemment, avec du recul.

(*) … et rien d’autre. Inutile de venir ici donner votre avis sur cette réforme, ni donner ses avantages et ses inconvénients, il y a d’autres lieux pour cela sur le web, je ne laisserai pas vos coms en ligne.


Je recopie ci-dessous toutes les idées qui sont dans les commentaires de cet article (ce sont vos commentaires, pas les miens : quand il y a écrit « je », c’est celui qui a écrit le commentaire qui parle, pas Charivari) :

L’emploi du temps en classe

Ca marche

  • Avec mes CE1, j’ai Cap Maths je n’ai rien changé à ma programmation de maths sauf que le mercredi je peux faire les problèmes de la banque de problèmes (depuis qu’on n’avait plus le samedi, je n’arrivais jamais à les faire tous, ou alors au pas de course). Je fais une « banque » sur 3 semaines environ. Ca fait une respiration dans la semaine, et ça fait du bien de pouvoir ENFIN faire sereinement des problèmes. 
  • A mon avis la chose la plus importante est la régularité de l’emploi du temps : que les enfants commencent et finissent tous les jours à la même heure (quelle que soit l’heure). Les emplois du temps en dent de scie sont terriblement anxiogène pour tous (adultes et enfants).
  • Je n’avais pas réalisé à quel point ce serait utile et efficace de faire 5 petites séances de français par semaine au lieu de 4 grosses (et 5 séances de maths au lieu de 4). J’ai même du mal à imaginer comment on a fait pendant 5 ans. Evidemment, pour les bons élèves, ça tenait sur 4 jours, mais je vous assure que pour tous mes élèves un peu faibles, cette cinquième séance de français et de maths a un poids énorme. J’y crois vraiment.

  • Pour la sieste des PS, nous couchons les Petits juste après le repas. Nous le faisions déjà les années précédentes, d’ailleurs (c’est préconisé par notre Inpection).  Ils sont au lit vers 13h15, donc (bien avant la reprise de la classe pour les plus grands). Cela permet de faire en sorte qu’ils puissent tous dormir sur une durée de deux heures.
  • L’inconvénient de la semaine à 4,5 jours ce sont les corrections tous les soirs, alors je me suis obligée à faire une fois par semaine une séance de maths sur ardoise et pas dans le cahier idem en francais !
  • En élémentaire, il faut essayer de placer les créneaux sport et notamment natation l’après midi car sinon les remettre au travail après est difficile (mais pas plus que lorsque c’était le cas à 4 jours). Mais bon ce n’est pas toujours facile, avec 45 minutes de classes en moins l’après midi. Dans les grosses écoles, il faut partager les salles…
  • Ce que j’apprécie le plus avec mes CP/CE1: l’emploi du temps est beaucoup plus facile à construire, on fait français/maths le matin et on met le reste en place tranquillement l’après-midi. Les enfants sont contents de sortir tôt, la journée passe vite et j’ai le temps de faire toutes mes corrections à l’école.
  • Avec cet emploi du temps, pour les devoirs du soir, je donne tous les soirs une leçon, une lecture et un exercice à faire à mes CM (je sais, il ne faudrait pas, mais j’adapte au besoin) mais absolument rien le week-end ! Beaucoup de famille apprécient. Avec 4 jours, je ne pouvais pas.

Ca ne marche pas

  • J’ai récupéré un créneau piscine pour mes CP le mercredi matin. Cela me bouffe une grande partie de la matinée. Du coup, je suis vraiment déçue parce que je ne peux pas faire ma 5° séance de lecture de la semaine, sur laquelle je comptais tant. 
  • En maternelle, au début, les animateurs récupéraient les enfants à 15h30 pour les emmener dans une salle toute proche mais à l’extérieur de l’école. Certains étaient à peine réveillés, ils devaient partir avec cet inconnu, dans un lieu inconnu : c’était la cata ! On a vite changé tout ça : 1) d’abord on a créé un TAP-sieste pour laisser les enfants dormir, et 2) en même temps on a décidé que les anims resteraient dans l’école. les TAPs ont lieu dans la salle de motricité.

La récré de l’après-midi…

  • La récréation de l’après-midi a lieu de 14h30 à 14h45. Ainsi, on a une heure d’école avant, un quart d’heure de récré, une heure d’école après. Comme disent les gamins, c’est génial, ça passe vite ! C’est vrai qu’ils sont beaucoup plus concentrés.
  • Ici, on a choisi de caser la récré de l’après-midi en toute fin d’après-midi, à 15h30. Du coup, les élèves ont 1h45 d’école, et ensuite ils ont une récré qui leur permet aussi de gouter. C’est bien pour ceux qui enchainent avec les activités. Quand ça sonne à 15h45, les animateurs appellent les élèves qui partent en TAP et certains vont à l’étude aussi. Je ramène les autres à la grille. Ce système a deux avantages : les élèves ont vraiment 45 minutes de TAP (les TAP ne sont pas « mangés » par ce temps de gouter), et nous, en classe, on gagne énormément de temps. L’après-midi, quoique courte, semble quand même plus remplie.
  • Le temps de récré prévu ds les IO n’a pas changé (4 ou 4,5 jours, c’est 2h déduites des 24h hebdo). Ce que notre IEN n’a pas manqué de nous rappeler. Conclusion : les matinées durent 3h15 avec 20 minutes de récré. Donc 100 minutes pour 5 matins. Reste 20 minutes pour 4 aprem. Donc 5 minutes par aprem. CQFD !
  • Nous, on ne fait plus du tout de récré l’après-midi. On a réparti les 120 minutes de récré du BO sur les 5 matinées (5 x 20 minutes de récré + 5 minutes pour rentrer en classe). ca passe très bien.

Liaison école-animateurs

Ca marche

  • A 15h30, les animateurs viennent chercher les élèves dans ma classe. Ils ont la liste des inscrits, ils les appellent. C’est très paisible, pour les élèves et pour moi : une fois les élèves partis avec les animateurs, il ne me reste que ceux que je dois raccompagner à la grille. Ce n’est pas à moi de pointer « qui va où », et il n’y a pas de moment de « flou » sur « qui est responsable des élèves ». 
  • Chez nous à 16h tous les enfants sortent de la classe avec leur cartable et 2 rangs se forment : les TAP et ceux qui vont au portail et du coup ce n’est pas à nous de gérer qui va où. Et s’il reste des enfants au portail (en début d’année, ils ne savaient pas trop à quelle heure les parents les récupéraient) un référent-mairie est au milieu de la cour pour les récupérer, et ça c’est top pour nous.
  • Un point absolument essentiel à diffuser sans modération : il faut un numéro de téléphone dédié au TAP sinon c’est l’école (et par conséquent le dir ou celui qui a pour mission de décrocher) qui est inondée de messages en tout genre : « Bidule n’ira pas en ping-pong, elle va chez le dentiste » – « Est-ce que vous pouvez dire à Trucmuche que je serai en retard « .
  • Chez nous les activités Mairie (les « Tap ») n’ont commencé que deux semaines après la rentrée. C’était super pour 2 raisons : (1) On n’a pas additionné deux stress, on a laissé passer la rentrée, et ensuite, une fois que tout le monde avait bien pris ses repères, on a mis en place les TAP. (2) Ca a permis de se rendre compte des enfants qui avaient quelqu’un à la grille à 15h30 pour les récupérer (finalement, à peu près les mêmes qu’à 16h30 l’année dernière). Du coup, on sait quels sont les élèves qui vont aux TAP par choix (la plupart) et quels sont ceux qui y vont plus par obligation (très peu). 
  • Demander à la Mairie de nommer un « référent spécifique TAP » : c’est-à-dire un responsable que tout le monde identifie, et qui n’est pas chargé d’un groupe d’enfants pendant les activités (pour que ce ne soit pas la directrice de l’école qui se sente obligée de gérer les problèmes de sécurité ou de transfert de responsabilité par exemple).

  • Pour les mairies qui envisagent une longue pause méridienne pendant laquelle ils casent les TAP : privilégier des activités calmes le midi pour que les élèves soient disponibles pour les apprentissages l’après-midi.   
  • Pour les maternelles, si aucune récréation n’est prévue l’après-midi sur le temps scolaire, c’est important d’en prévoir une sur le temps de TAP pour que les enfants prennent l’air. [Charivari ajoute : en élémentaire aussi, sans doute]

  • Pour les ateliers qui ne sont pas quotidiens, les familles inscrivent leur enfant aux différents ateliers pour la durée d’une période en formulant 3 vœux avec préférence. Il est demandé à chaque enfant de changer d’atelier à chaque période. En fait, ces ateliers correspondent à des clubs ou associations sportives ou culturelles existant sur le secteur. Libre aux familles de les inscrire par la suite (mais là, ça devient payant).
  • Tous les soirs pendant une ½ heure, il y a APC avec maximum 6 enfants par groupes. Les maternelles travaillent autour du langage, des consignes par les jeux. Les cycles 2 font du soutien aux enfants en difficulté et les CM de l’aide aux devoirs. Les groupes peuvent changer à chaque période. Pour nous, il s’agit donc de rester 2 soirs par semaine jusqu’à 16h15. C’est très efficace pour mes CM ! De plus, nous ne ressentons pas la fatigue comme le soutien des années passées qui avait lieu trop tard. Bref, on adore ^^. De plus, nous occupons nos classes niéhéhéhé, si vous voyez ce que je veux dire ^^
  • Pour la sortie, les enfants inscrits au TAP sortent par la cour (nous avons une porte de classe donnant directement sur la cour, une autre directement sur le grand couloir et la dernière sur la classe du ou de la collègue), ceux qui retournent chez eux par le couloir et enfin ceux en APC par la porte inter-classe.
  • Secteur rural = ramassage scolaire à 16h30. C’est pourquoi la très grande majorité des élèves restent au TAP. Ceux de l’APC finissant à 16h15, rejoignent les élèves inscrits au TAP-Temps-Libre avant de partir à 16h30. Les parents, enseignants, élus sont régulièrement consultés pour harmoniser, améliorer ce TAP. C’est vraiment un énorme travail de coordination mais avec un peu (beaucoup) de bonne volonté de part et d’autre, on peut parvenir à offrir une situation profitable à tous ! La grande majorité des enseignants de l’école n’ont aucune envie de revenir à 4 jours. 

Idées d’APC, suggestions TAP

  • En maternelle, il ne faut pas vouloir en faire « trop« , mais plutôt prévoir des activités calmes comme écouter des histoires, des musiques ou tout simplement ne rien faire pour ceux qui ont du mal à se réveiller. [Charivari ajoute : ce commentaire concernait les TAP, plutôt que les APC]

  • Ici école élémentaire 10 classes dans toute petite ville tout petit budget alors on a réfléchi avec la Mairie à des TAP intéressantes et pas trop chères. On fait les APC en même temps, ce qui soulage aussi un petit peu la Mairie (en APC, on fait chorale et étude surveillée : on peut prendre pas mal d’enfants en même temps).
    Les élèves ont droit à 6-7 séances par personne et par an période d’activité un peu exceptionnelle (soit environ 1 fois par semaine : encadré par les assocs ou clubs locaux, au choix : tir à l’arc, tennis de table, tennis, initiation à la pratique d’un instrument, roller). Ils se sont inscrits en juin. 
    Les autres jours, les élèves s’inscrivent soit à l’étude surveillée (assurée sur l’heure d’APC d’un enseignant), soit aux TAP : « temps libre », activités manuelles (petits bricolages, scoubidous, bracelets brésiliens…), jeux collectifs dans la cour, informatique, bibliothèque, jeux de sociétés. En bibliothèque, les CM, à tour de rôle, s’inscrivent pour lire des histoires aux petits (gros succès, chez petits et grands). Les élèves font un choix pour toute la période (par exemple, lundi : bibliothèque, mardi : activités manuelles…). Cela ne fonctionne pas mal du tout. Les activités en intérieur sont très paisibles. C’est vrai que ce ne sont pas des activités forcément super exotiques, mais on est loin du psychodrame relayé par médias : les enfants sont calmes, ils se reposent, et ils aiment bien leurs activités.
  •  En APC, nous avions décidé d’un commun accord avec la Mairie d’essayer de prendre un maximun d’enfants pour ne pas leur laisser des trop gros groupes, en faisant en sorte que tous les enfants passent avec chaque enseignant (activités : Arts visuels, tennis de table, théâtre et informatique) : les enfants sont ravis d’aller en APC et le rapport avec les élèves est très agréable.
  • Chez nous, les TAP et les APC ont lieu en même temps, 3 jours par semaine (nous nous sommes gardés le jeudi sans APC pour pouvoir y caser nos réunions, qui finissent du coup plus tôt, puisque commencées à 15h30). Nous avons pris le parti de ne plus faire de soutien en APC (nous avons un peu plus de temps en classe si besoin) : nous avons pensé que les enfants « relevant de l’aide personnalisée » serait frustrés s’ils ne pouvaient pas participer aux TAP plus ludiques.

  • (Ecole rurale) Pour mes élèves d’élémentaire, en TAP, ils ont le choix tous les soirs entre : temps libre (jouer avec les copains ou bavarder… et ceci a été à notre demande car la surconsommation d’activités existe aussi), aide aux devoirs, bibliothèque (animée ou pas, parfois des grands animent pour les maternelles). Il y a également d’autres activités sportives certains soirs.

Et aussi :

  • Travailler main dans la main avec la municipalité. Bétonner le projet avant de le présenter aux parents, pour qu’ils sentent que tout a été pensé, réfléchi, anticipé. Si il y a désaccord entre municipalité et équipe éducative, les parents vont s’engoufrer dans la brêche et là, ça devient très compliqué !
  • Penser à souffler à la municipalité de rédiger un règlement de ce TAP : les modalités d’inscription, assurance, fiche de renseignements, … Bien faire la part des choses entre l’école et le TAP, même si tout est très lié !
  • Je confirme le fait qu’il faut un bon dialogue entre les différents intervenants : enseignants, mairie et parents. Il y a quand même des mairies qui sont bien gratinées et qui campent fermement sur des positions complètement hallucinantes (du genre, on propose qu’on ne change rien et qu’on met les tap le mercredi matin !!!!) et là je trouve que notre tort est d’être allé au conseil d’école sans munitions, sans avoir relu la loi et pour certains avec juste dans l’idée de proposer-n’importe-quoi-parce-que-de-toute-façon-on-est-contre ; ben oui mais la conséquence de ça c’est qu’on se verra imposer une organisation par le DASEN si rien ne change et que c’est sûr quand on impose un truc il y a peu de chance que cela satisfasse quelqu’un !!! Alors que de l’autre côté, beaucoup plus d’ouvertures, de dialogues et on est quand même sorti avec un emploi du temps qui « satisfait » la grande majorité et quelques propositions.
  • Pour tous les sondages que nous avons faits, les parents étaient toujours très prudents : non ils ne pourraient pas être à 15h30 à la grille, oui, ils auraient tous besoin de cantine le mercredi midi etc etc
    Finalement, quand la « vraie vie » est arrivée, on s’est rendu compte qu’en tenant compte de ces sondages on avait surdimensionné plein de choses alors que les parents avaient pu faire appel à des connaissances, une nounou, une mamie, une voisine, et on avait finalement beaucoup moins d’enfants que prévu à encadrer. Moralité : méfiance sur les sondages et questionnaires divers

2014-1-30 09:10:00
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charivari

Professeur des écoles (directrice d'école) en Sologne

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